EDUQUER, oui ! Mais comment ?

" Il faut qu'ils apprennent à partager ! "

par Anne-Marie Fontaine, psychologue, article complet dans Assistantes Maternelles Magazine n° 133 - mai 2016

Voici le résumé de l'article ci-dessus cité.

Souvent, nous observons les enfants qui s'amusent, quand tout à coup, l'un d'eux se dirige vers un copain pour lui "arracher" un jouet avec lequel il était en train de jouer tranquillement.

Notre 1ère réaction d'adulte, nous nous insurgeons en demandant de rendre le jouet et nous expliquons qu'il faut partager !

Seulement voilà, c'est bien d'éduquer les enfants et leur apprendre à respecter le jeu de chacun mais il faut comprendre une chose :

Ce n'est pas l'objet qui intéresse l'enfant, mais l'action qui lui fait envie !

L'enfant n'est pas agressif, il n'a pas l'intention consciente d'embêter l'autre et celle de faire mal volontairement. Le terme d'impulsivité est plus approprié. Le cerveau d'un enfant de 2 ans n'est pas fini comme celui d'un adulte. Il ne peut pas retenir ses émotions, ses gestes et se "contrôler" quand il a envie de faire immédiatement la même chose que son copain. La zone motrice de son cerveau se voit déjà en train de faire la même activité.

Eduquer un enfant nécessite de prendre en compte son immaturité pour ne pas interpréter celle-ci comme du mauvais vouloir.

A deux ans, la conscience de soi et la conscience de l'autre ne sont pas encore bien différenciées. Elles le seront vers 3 ans, quand le langage permettra de dire "à moi, à toi, je ", quand ils pourront jouer ensemble en faisant des actions complémentaires et non plus semblables.

Entre 15 et 30 mois, les premières intéractions entre enfants apparaissent sous 2 formes :

1 - Les conflits qui consistent à vouloir prendre l'objet ou la place de l'autre pour faire la même action, ce qui provoque des cris, des bagarres et des pleurs ;

2 - Les imitations qui consistent à faire la même action qu'un autre avec le même jouet, ce qui provoque des sourires et des rires et permet des moments de jeu en commun.

Nous ne pouvons pas rester sans réagir lorsqu'on voit qu'un enfant fait objectivement mal à un autre. On va arrêter les gestes brutaux, apaiser les cris, protéger celui qu reçoit les coups, parce que l'immaturité du contrôle de soi qui caractérise les jeunes enfants demande que l'adulte leur serve de contrôle externe et de protection.

Cela reste une phase de développement normale qui va passer car la "violence" des gestes n'est pas de l'agressivité réfléchie mais est due à l'immaturité du cerveau.

- Si le conflit démarre, on peut observer quelques secondes avant d'agir et le seul fait de demander : "qu'est-ce qu'il se passe ?", suffit à arrêter les gestes violents.

- Ne pas dire à l'enfant qui prend l'objet de l'autre qu'il est "méchant" ou qu'il veut embêter, mais lui dire :" je vois bien que tu as envie de faire comme le copain avec son jouet, mais tu vois bien que lui aussi, il a envie".

- Proposer à la place du conflit une action imitative, ou 

- proposer une autre action intéressante à l'enfant.

Par contre, dire : " tu auras le camion plus tard" ne signifie rien pour l'enfant en raison que son estimation du temps est complètement abstraite. Mais vous pouvez proposer un jeu d'imitation alternée pour les enfants vers 24-30 mois car c'est l'âge où les enfants utilisent spontanément dans leurs jeux en disant : " A toi, à moi ".

Il faut prévenir les conflits en renforçant les occasions d'imitation, en renforçant l'offre de jouets en exemplaires multiples et identiques (couleurs, formes, ...)

Vous pouvez proposer beaucoup d'activités motrices car elles donnent aux enfants la possibilité de s'imiter corporellement, soit sans objets soit sur des objets qui permettent d'être deux, (toboggan, banc, ...).

Avant d'apprendre à partager les jouets. Il faut découvrir l'Autre et surtout découvrir le plaisir de partager les émotions avec lui, en synchronisant les actions. Si la rencontre des autres se fait dans la bonne humeur, c'est un plaisir que les enfants chercheront à renouveler toute leur vie !